Vote du 25 septembre 2005
 
 


Dans le cadre de "l'union sacrée" pour le OUI, la presse ne se bouscule guère pour donner la parole aux partisans du vote NON le 25 septembre, pour une vraie libre circulation et contre la sous-enchère salariale et sociale. Le moulin à prière du OUI, les rengaines de l'UDC et récemment la position qui se veut sans doute démagogique de l'Alliance de gauche de Genève occupent la place. Raison de plus pour relever les exceptions. L'article ci-dessous est paru dans 24 heures du vendredi 2 septembre 2005, rubrique "Opinions".

25 septembre: Un NON… en positif

Alain Gonthier, conseiller communal, Vevey, Mouvement pour le socialisme

A la peine dans les sondages, les partisans du OUI usent d’arguments trompeurs. Trois exemples:

« Le canton de Vaud aura l’obligation d’engager 15 inspecteurs du travail, » (J. Tschopp, Unia, 24 heures, 25.08.05) Faux. La seule « précision » de l’arrêté est « un nombre suffisant », sans obligation. Et pour R, Piccand, chef du Service vaudois de l’emploi, ce nombre semble déjà atteint. (Le Temps, 30.08.05)

« Désormais, il suffira d’atteindre un seuil de 50 % des employés ayant ratifié la CCT [Convention collective de travail] pour la rendre obligatoire. » (id., 24 heures). Faux. Il y a deux conditions préalables (LCCT art 1 et 1a): 1° les patrons signataires de la CCT devraient accepter cette démarche ; or ils ont souvent montré qu’ils n’en voulaient pas. 2° il faudrait prouver que la sous-enchère est « abusive et répétée ». Et surtout, comme l’a admis Joseph Deiss (Infrarouge, 31.08.05) seuls 500’000 salarié·e·s ont une CCT fixant les salaires, qu’il vaut la peine de rendre obligatoire. Pour les 3,2 millions restants, cette « conquête » ne peut rien !

« C’est un vote contre la xénophobie ». C’est sans doute pour cela que Ch. Blocher vote OUI ? Et que R. Stämpfli, président de l’Union patronale suisse, écrit: « Déjà maintenant […] les étrangers qui viennent des pays de l’Union européenne (UE) augmentent et par ce moyen délogent les migrants plus difficilement intégrables, issus de pays plus lointains […]. En cela la politique de migration va exactement dans la direction que la nouvelle Loi sur les étrangers profile. » (NZZ, 25.08.05) Le OUI « antixénophobe » tombe ainsi dans les bras de la politique officielle xénophobe !

D’autres arguments ne valent pas mieux, comme la « clause guillotine » (alors qu’il faudrait l’unanimité dans l’UE pour dénoncer un traité) ou « l’inégalité de traitement au sein de l’UE » (alors que l’accord soumis au vote prévoit lui-même cette inégalité jusqu’en 2011).

Voter NON, c’est d’abord refuser ces tromperies. Mais c’est aussi, en positif, la condition pour obtenir d’autres mesures d’accompagnement, réellement favorables aux salarié·e·s.

Le 25 septembre n’est pas le dernier vote de l’histoire ! Au soir d’un NON, commencera donc la négociation d’un nouveau « paquet », en vue d’un nouveau vote.

Conseil fédéral et patronat ont grand besoin des accords bilatéraux. Ne pouvant se payer un nouvel échec, ils devront faire des concessions pour garantir un OUI. Lesquelles ? Ni fermeture des frontières, ni lourdes mesures administratives. Mais une amélioration du droit du travail: possibilité de demander l’extension des CCT sans l’accord des patrons ; protection contre les licenciements, particulièrement pour les délégué·e·s syndicaux. « Tant que les membres des commissions d’entreprise ne seront que très mal protégés contre les licenciements, il est irréaliste de croire à l’efficacité des mesures [d’accompagnement] ». (S. Gaillard, USS, 23.11.2003)

Les meilleurs défenseurs des conditions de vie et de travail des salarié·e·s, ce sont les salarié·e·s eux-mêmes. Mais aujourd’hui, la crainte domine. Ces droits, élémentaires et revendiqués par les syndicats, pourront leur permettre de mieux affronter, tou·te·s ensembles – suisses, immigré·e·s, frontaliers·ères et « libres circulant·e·s » – le dumping salarial et social. C’est la voie d’une lutte syndicale renouvelée, et aussi d’un combat concret contre la xénophobie.

Le 25 septembre, votez NON, un NON de raison, internationaliste et solidaire.