Argentine

 

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Pollutions: les enfants en grand danger

Marcela Valente *

En Argentine, plus de la moitié des enfants risquent de tomber malades en raison du manque d’accès à l’eau potable ; parmi eux, un pourcentage élevé est également menacé par des industries polluantes et par l’utilisation d’insecticides dans l’agriculture. C’est ce que révèle une étude faite par le Bureau du protecteur du citoyen [«El Defensor del Pueblo de la Nación», sorte d’Ombudsman].

«Les effets de la contamination de l’environnement sur les enfants. Une question de droits» tel est le titre du bulletin d’information de ce mois. Il a été réalisé avec le soutien du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (Unicef).

Les auteurs de cette recherche, qui a également reçu le soutien de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) et de l’Organisation Panaméricaine de la Santé (OPS), soutiennent que l’information peut être réactualisée en permanence à mesure que sont évalués les risques de nouvelles activités dans les domaines de la production ou des services.

Selon des données de l’OPS recueillies dans l’étude, près de quatre millions d’enfants dans le monde entier meurent chaque année de maladies provoquées par des facteurs de risque environnementaux. En Amérique Latine et dans les Caraïbes, ce sont 80’000 mineurs qui tombent malades chaque année, victimes de ces impacts environnementaux.

«Plus d’un tiers des décès d’enfants sont dus à des facteurs environnementaux modifiables», peut-on lire dans l’étude. Parmi toutes ces causes: le manque d’accès à l’eau potable, l’élimination inadéquate des déchets, la contamination, les accidents et les maladies du travail aussi bien à la campagne que dans l’industrie ou l’activité informelle.

L’étude présente une série de cartes qui montrent la répartition géographique des risques environnementaux principaux pour les enfants, risques qui s’accentuent quand il s’agit de familles pauvres où le chef ou la cheffe de famille se trouve sans travail ni assurance-maladie.

«Nous cherchons à fournir un outil de prévention qui soit utile aux municipalités, aux provinces et à l’Etat national, non pour dénoncer le problème mais pour détecter quelle est la population infantile vulnérable ou en risque de contamination», a expliqué à l’IPS Horacio Esber, directeur des droits sociaux auprès de l’Ombudsman.

Le fonctionnaire nous a expliqué qu’il a pris la frange qui va de zéro à 18 ans parce que l’on sait que c’est la population la plus exposée au risque environnemental. Selon lui, l’exposition au plomb, par exemple, peut ne pas affecter la population adulte, mais elle peut provoquer chez les enfants un déficit dans le développement intellectuel et dans la capacité d’apprentissage.

Parmi les nombreuses plaintes que le bureau de l’Ombudsman reçoit, beaucoup concernent l’environnement et le social. Ainsi celui-ci a-t-il été amené à se pencher sur des cas d’augmentation de la mortalité infantile dans des communautés indigènes, sur une contamination au plomb survenue dans la province du nord de Jujuy et sur des intoxications dues à des pesticides dans la province de Córdoba dans le centre du pays.

Cet organisme a également participé activement aux protestations et aux plaintes déposées par des riverains du bassin des fleuves Matanza et Riachuelo, cours d’eau qui débouchent dans le Rio de la Plata et qui marquent la frontière sud de la capitale argentine avec la province orientale de Buenos Aires. Ces cours d’eau sont parmi les plus contaminés du monde à cause du déversement des eaux usées et des déchets industriels clandestins.

Sur la base de cette expérience et des informations fournies par une vingtaine d’organismes officiels, les bureaux de l’Ombudsman ont publié l’information selon laquelle 7,1 millions d’enfants (58% de la population infantile argentine) risquent de mourir par manque d’infrastructure sanitaire – eau et évacuation des eaux usées – dans le nord-est du pays surtout.

Sur un total de 531 départements de la province [hors de Buenos Aires] analysés dans tout le pays, 193 sont confrontés au problème d’un réseau d’assainissement de base des eaux usées insuffisant.

La menace que représente l’activité industrielle pour la santé atteint plus de 5,1 millions des moins de 18 ans (42 pour cent le la population infantile) et 2,7 millions d’enfants (22 pour cent du total) se trouvent en danger en raison de l’utilisation massive de pesticides dans les champs de coton, de pommes de terre, de soja, de maïs, de riz et autres.

La doctoresse Zulma Ortiz, responsable du secteur de la santé à l’Unicef, nous a fait remarquer que le thème problématique de l’environnement avait été intégré à l’agenda de la santé des quinze dernières années et que, dans ce domaine, les enfants – eux qui sont pourtant les moins responsables de la contamination – sont les plus exposés aux effets des diverses contaminations.

Elle a relevé également que les mineurs subissent des conséquences pouvant être déterminantes pour leur vie d’adulte. «Ce n’est pas la même chose d’être exposé à une pollution depuis l’âge de 40 ans que depuis la naissance, c’est pour cela qu’il est très important de travailler à la protection présente et future des enfants», a-t-elle dit.

Les auteurs de l’ouvrage en question ont également remarqué qu’il y a des instances gouvernementales qui ont accepté de ne pas disposer d’informations sur l’impact environnemental. Ce fut le cas du Secrétariat aux Mines et de l’Institut National de l’Eau, qui de leur propre aveu, manquaient jusqu’ici de donnés concernant la qualité de l’eau au niveau national !

A Rosario, ville la plus peuplée de la province orientale de Santa Fe et figurant parmi les trois plus grandes du pays, il y a une forte densité d’industries contaminantes, telles que des tanneries, des industries pétrochimiques, etc.,  dans une zone de grande concentration d’enfants de moins de 18 ans. C’est ce qu’a remarqué Horacio Esber lorsqu’il a effectué un examen des relevés.

En ne cachant pas son inquiétude, celui-ci a déclaré: «Dans cette ville, le gouvernement municipal surtout, mais les autres instances également, doivent adapter les contrôles afin de s’assurer que les entreprises utilisent toute la technologie à leur disposition pour réduire tous les risques». (Traduction A l’encontre)

* Marcela Valente est journaliste pour l’IPS, Buenos Aires.

(25 avril 2009)

 

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